L’importance des formes d’emplois atypiques, les difficultés matérielles, la crise économique et la difficile adaptation des pratiques syndicales au nouveau marché du travail contribuent à une forte distanciation des salariés vis-à-vis des organisations syndicales traditionnelles. Certains secteurs sont plus touchés encore du fait de l’éclatement des salariés : c’est le cas notamment de l’aide à domicile. Le ReAct a décidé d’organiser en priorité au sein de ce « désert syndical ».
Une enquête menée dans l’agglomération lyonnaise a révélé les conditions de travail particulièrement dures que connaissent les travailleuses à domicile : paiement à la tâche, salaire non déclaré, non-respect du travail hebdomadaire, chantage et harcèlement… Le projet vise à construire leur participation à une campagne de défense de leurs droits. De nouvelles méthodes, inspirées du community organizing, sont développées pour permettre à ces travailleuses de s’organiser et de prendre la parole sur les problèmes qui les concernent.
L’organisme porteur du projet
ReAct (Réseaux pour l’Action collective transnationale)
Brève description de l’organisme porteur du projet
Le ReAct est né en 2010 d’une analyse partagée : les injustices sociales et environnementales ont pour cause principale la domination des intérêts des grandes entreprises sur ceux de la majorité des personnes. Le ReAct souhaite contribuer à organiser les personnes affectées par ces abus afin de construire un pouvoir social à même de défendre les droits et intérêts du plus grand nombre. Il utilise principalement les méthodes du community organizing, développées aux Etats-Unis par Saul Alinsky.
Personnes concernées par l’initiative
Les travailleuses à domicile sont à une écrasante majorité (95 %) des femmes, beaucoup sont seules avec des enfants en bas âge, et 85 % d’entre elles sont d’origine étrangère (congolaises, nigérianes, comoriennes, marocaines, algériennes, portugaises, roumaines…). Aujourd’hui en France, ce qu’on nomme « services à la personne » réunit l’aide à domicile (un million d’emplois) et le travail domestique (un peu plus de 600 000 personnes actives). À Lyon, on estime qu’un millier de femmes travaillent dans le secteur : 355 ont été contactées, plus de 200 ont accepté de laisser leurs coordonnées, et une quarantaine ont participé à la campagne initiée par le ReAct. À terme, toutes les salariées de ce secteur devraient en profiter.
Moyens mis en œuvre
- Le savoir-faire et les compétences des organisateurs et organisatrices qui, depuis 2015, mettent en œuvre en France les méthodes du community organizing dans les secteurs précaires.
- L’embauche d’une personne à plein temps pour réaliser les différentes étapes du projet (immersions, tête-à-tête, animation de réunions et formations, médiatisation…).
- D’éventuelles prestations extérieures (traduction, garde d’enfants…) pour faciliter l’implication des personnes.
- Les moyens nécessaires à la médiatisation des propositions du groupe (affiches, communiqués de presse, livrets…).
Calendrier du projet
- Janvier 2018 : une enquête lancée par le ReAct fait découvrir la triste réalité du secteur du travail à domicile dans l’agglomération lyonnaise. Avec un fort taux d’emploi à temps partiel et des rémunérations horaires parmi les plus faibles de tous les secteurs, le salaire minimum décent n’est que rarement atteint. L’alerte de quelques travailleuses à domicile pousse le ReAct à chercher de nouvelles formes d’organisation collective pour permettre aux plus vulnérables d’agir sur leurs conditions de travail.
- Décembre 2018 : démarrage du projet proprement dit. Dans un premier temps, il s’agit d’aller à la rencontre des personnes concernées :
- par immersion quotidienne (« grenouillage ») aux abords des principaux lieux de travail (en un an, 355 salariées du secteur ont été rencontrées en grenouillage et 205 ont accepté de donner leur numéro de téléphone);
- par rencontres en tête-à-tête entre l’organisatrice et les personnes concernées pour partager en profondeur les situations et créer une relation de confiance (en un an, 42 tête-à-tête ont été organisés).
- À partir de là, cinq réunions ont été organisées afin de lister ensemble les problèmes rencontrées, les revendications que les salariées souhaitaient porter et d’identifier un responsable à interpeller.
Les salariées ont alors détaillé, dans une lettre de revendications envoyée à leur employeur, les manquements et améliorations qu’elles réclament et ont systématiquement demandé un entretien afin de discuter de leurs propositions. Entre deux et trois salariées ont été élues par entreprise lors de ces réunions pour porter la parole collective.
- En 2019, deux collectifs de salariées du secteur ont vu le jour : Adiaf-Savarham (45 salariées impliquées, 3 réunions organisées) et Vitae. Par ailleurs, des liens se sont renforcés avec l’Uniti (Union des travailleurs Isolés).
- Le projet s’est achevé fin 2019, mais des prolongements sont en cours pour 2020 : constitution de nouveaux collectifs dans les grandes entreprises du secteur, contrôle des processus de négociation initiés, réplication de la méthode par effet « tâche d’huile ».
Les principaux acteurs qui accompagnent financièrement le projet
Fondation Un monde par tous, Fondation pour les Droits de l’homme au travail, Association Georges Hourdin.
Contacts
Marielle Benchehboune, coordinatrice du ReAct
Courriel : marielle.benchehboune@projet-react.org
Tél. : 06 38 30 74 56
Site Internet : https://www.projet-react.org/fr/
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